Le sommet « Réinventer l’IA : pour une technologie au service de l’humain et de la planète » (1) s’est tenu au Digital café à Paris le 7 février 2025, à quelques jours d’un rassemblement mondial des grands acteurs de l’IA organisé par l’Élysée. Le sommet était organisé par le député européen David Cormand et son équipe et le magazine Chut. Le but de ce sommet était de regarder en face les implications induites par la massification de l’usage des technologies numériques et de l’intelligence artificielle, leurs impacts écologiques, sociaux, énergétiques, économiques, démocratiques, sanitaires qui soulèvent de plus en plus de
préoccupations.

Alice Guyon, Directrice de publication de la revue HEGEL, a participé à une table ronde sur la thématique : « Algorithmes et dépendances : addict à l’IA, quels impacts sur la santé mentale ? ». Elle a d’abord évoqué l’utilisation croissante de l’IA dans la thérapie et le soin en santé mentale, ses intérêts potentiels et les risques et inconvénients occasionnés par une utilisation déraisonnée de l’IA dans ce domaine de la santé mentale. Elle a rappelé les risques de l’utilisation abusive du numérique chez les jeunes et comment l’IA alimente une spirale de dépendance numérique, d’isolement social, d’anxiété, de troubles de l’image corporelle, voire de pensées suicidaires. Les réseaux sociaux, les applications mobiles et les jeux vidéo — tous pilotés par des intelligences artificielles — influencent les comportements des usagers et usagères, souvent au détriment de leur bien-être psychologique.

Laure Boutron-Marmion, avocate au barreau de Paris, a exposé plusieurs cas de jeunes adolescentes qui se sont suicidées suite au visionnage répété de contenus inappropriés sur TikTok. Ayant constaté depuis longtemps les dégâts des plateformes de réseaux sociaux et face à la prise de conscience progressive des enjeux liés à ce sujet pionnier, elle a pris la décision de fonder le collectif « Algos Victima » (2) en 2024, véritable cellule d’accompagnement juridique et judiciaire des victimes et de leur famille, et ayant pour ambition de responsabiliser les entreprises de médias sociaux.

Frithjof Michaelsen, chargé de mission numérique chez l’UFC-Que Choisir, a souligné que pour l’instant, la responsabilité des entreprises est engagée lorsqu’un produit est défectueux et cause des dégâts matériels. En revanche, ce n’est pas encore le cas pour des services comme les plateformes d’hébergement dont certains contenus peuvent être inappropriés et générer des problèmes de santé mentale mais qui sont beaucoup plus complexes à évaluer/quantifier. Un travail d’encadrement reste à faire, mais cela soulève le problème de la limite ténue entre encadrement et censure. Des solutions concrètes et des régulations sont nécessaires pour protéger les jeunes des effets néfastes de la manipulation algorithmique.

Enfin, Jean Massiet, créateur de Backseat (3), une émission de débat hebdomadaire, a proposé des outils éducatifs pour développer l’esprit critique et les connaissances sur le fonctionnement des réseaux, des algorithmes et des biais cognitifs chez les citoyens et citoyennes, en particulier les jeunes, de type éducation populaire.

La table-ronde a fait l’objet d’un court reportage diffusé dans le journal de 18h sur France Inter et un article a été publié sur le sommet dans le journal Le Monde (4) .

(1) https://www.davidcormand.fr/sommet-reinventer-ia

(2) https://www.boutron-marmion.com/algos-victima/

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Backseat

(4) https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/07/au-contre-sommet-reinventer-l-ia-les-cris-d-alarme-pour-mieux-integrer-les-enjeux-citoyens_6536361_3234.html

 

Auteur : Alice GUYON

Contact : alice.guyon@cnrs.fr

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