Colloque ICM Psychedelics-Final

Le premier colloque de la section médecine psychédélique de l’AFPBN s’est tenu à l’ICM (Paris) le 05/06/2025 ouvrant des perspectives thérapeutiques innovantes en santé mentale

Juin 5, 2025 | Actualité

Le colloque de la jeune section de médecine psychédélique de l’Association Française de Psychiatrie Biologique et de Neuropsychopharmacologie (AFPBN) a eu lieu à l’Institut du Cerveau (ICM) à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris le 05/06/2025. La MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) était en partenaire de ce colloque entièrement en anglais. Des chercheurs européens, artisans du renouveau de l’usage des psychédéliques (LSD, psilocybine, mescaline, MDMA, kétamine) en santé ont fait le point sur ce sujet en pleine expansion. Ces molécules commencent à être utilisées en clinique dans plusieurs pays (Suisse, Belgique, Canada, …) dans différentes indications en santé mentale : dépression sévère, troubles de stress post-traumatique, sevrage des addictions (alcool et opioïdes) et accompagnement de fin de vie. En France, la première étude menée sur les effets de la psilocybine sur les troubles liés à l’alcool avec symptômes dépressifs vient de s’achever avec des résultats très prometteurs. Des études sont initiées pour d’autres indications comme les troubles obsessionnels compulsifs, l’anorexie et la douleur chronique/fibromyalgie.

 

Alice Colloque ICM Psychedelics-Final

Les intervenants ont abordé les mécanismes d’action des psychédéliques (étudiés chez le rongeur par des approches combinant psychopharmacologie, électrophysiologie et optogénétique et chez l’homme par des techniques d’imagerie et d’électrophysiologie). La pharmacologie des psychédéliques révèle que LSD et psilocybine agissent de manière similaire en stimulant les récepteurs à la sérotonine de type 5-HT2A. Leurs différences d’action dépendant surtout de leur demi-vie d’élimination de l’organisme, plus longue pour le LSD. Le MDMA agit également sur le transporteur de recapture de la sérotonine et module ainsi les systèmes utilisant les neurotransmetteurs dopamine, noradrénaline et ocytocine. La kétamine présente un autre mode d’action en agissant sur les récepteurs au glutamate de type NMDA.

Les psychédéliques agissent en provoquant des hallucinations et en augmentant la plasticité cérébrale (ces deux effets concernant des aires cérébrales distinctes). Pendant l’utilisation des psychédéliques, les interactions entre les aires cérébrales sont beaucoup plus importantes tandis que le réseau du mode par défaut est moins actif. Certaines modifications de l’activité cérébrale peuvent persister après la phase aigüe.

Différents protocoles utilisés pour tester les effets des psychédéliques ont été présentés dans lesquels le choix des molécules pour les groupes contrôles a été discuté (placebo inerte et/ou faibles doses de psychédéliques). Les études montrent que la qualité de la réponse aigüe positive aux psychédéliques est prédictive de l’effet bénéfique du traitement.

Des efforts sont faits pour optimiser les doses à administrer afin de minimiser les effets secondaires (nausées, maux de tête, …), ou par co-administration éventuelle d’autres molécules, selon le profil des patients. Les risques (crises anxieuses, risque suicidaire) ont été abordés. Les thérapies assistées par psychédéliques diffèrent des autres traitements existants en santé mentale et pourraient mieux répondre aux souhaits des patients (en particulier ceux souffrant de dépression sévère) de ne plus rester « bloqués » (« stuck ») dans leur état et de retrouver plus de joie et de sens à leur vie. L’utilisation des psychédéliques couplée aux psychothérapies relève d’une une approche intégrative dont l’intérêt a été souligné.

Liens pour en savoir plus :

Auteures : Alice Guyon – Mireille Peyronnet

Contact : alice.guyon@cnrs.fr – mireillepeyronnetmouroux@gmail.com

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